Indolents compagnons de voyage

Grandi en Afrique au hasard des affectations de son père, Joël Simon débarque en France à dix-neuf ans pour passer son bac en candidat libre. (Soulignons le « libre »). Après des études au minimum syndical, le voilà qui débarque en Nouvelle-Calédonie dans les années 70. Il devient prospecteur, arpentant le pays par monts et par vaux pour étudier les ressources d’eau potable en vue de l’alimentation des tribus. Quatre années au contact des populations les plus isolées du pays : de quoi se forger une bonne connaissance des gens et de leurs coutumes.

Parallèlement il découvre la voile. En 1978, grands débuts à l’occasion d’une traversée hivernale Auckland-Nouméa pour importer son bateau de 9 mètres tout juste acheté. Un peu abusif comme entrée en matière, mais la chance sourit aux audacieux, dit-on. Ce doit être vrai. Et c’est le baptême de la haute mer et des albatros, lesquels inspireront son roman Indolents Compagnons de voyage, paru en 2008 chez Au Vent des îles.

Des perspectives nouvelles s’ouvrent. Pourquoi ne pas vivre sur un voilier en voyageant ?

Ça tombe bien, la petite société de traitement des eaux qu’il a fondée marche du feu de Dieu. Il la vend et ils partent, sa femme et lui, avec leur bébé qui vient de naître. Sept ans de bonheur maritime, et puis la Calédonie à nouveau, où la famille s’installe en Province Nord. Sept ans encore, entre l’émerveillement de la Côte Est et l’appel du large. Ce dernier l’emporte. Ce sera le Chili et l’Argentine dans un fourgon aménagé, et puis, nouveau bateau, le Maeva XIV, avec lequel le voyage va pouvoir continuer. Le bébé du départ a pris de l’ampleur. Il met son sac à terre en Australie pour attaquer ses études de biologie. Biologie marine, bien entendu.

Encore douze ans de vagabondage en Asie, et voilà l’équipage, un peu vieilli mais toujours positif, qui revient à la maison. On est en 2018, dans cette Calédonie, île de lumière et d’inspiration, où il est temps de se sédentariser. Maeva XIV est sur un corps-mort ; une nouvelle aventure commence : puiser dans l’entrepôt des souvenirs et écrire.

Tranquillement, son dernier roman Kaïn prend vie…